Mars Plastic

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Pour le concours de l’école des Beaux Arts de Cergy nous avions le choix entre trois sujets dont « Mars plastic ».

Ce sujet m’évoque la gomme du même nom, et avec elle l’idée d’effacement, mais surtout, de manière plus littéraire, il me renvoi à une idée qu’on a pu se faire du futur à une certaine époque, dans la seconde moitié du XXème siècle, lorsque le pétrole dont on fait le plastique semblait une ressource inépuisable, que le terme de plastique était équivalent à celui de toc (de faux) et lorsque la figure du « martien » servait encore à nommer les extra-terrestres (l’étranger, celui qui est différent).

J’ai donc voulu confectionner, à partir de patrons simples permettant de créer des vêtements du quotidien, une série de vêtements en plastique qui ne seraient « futuristes » que par leur transparence, un peu à la manière de l’imperméable porté par une des réplicantes de Blade Runner de Ridley Scott (1982), et les mettre en scène dans un environnement qui évoque cette vision d’un futur qui nous semble désormais impossible.

C’est la raison pour laquelle j’ai choisi la ville de Noisy-le-Grand, connue pour des projets architecturaux qui témoignent d’une idée qu’on a pu se faire du futur qui n’a pas fonctionné comme prévu : le Pavé Neuf de Manuel Nuñez Yanowsky (1981) et le Palacio d’Abraxas de Ricardo Bofill (1983).
Ricardo Bofill s’est justement entretenu à propos du Palacio d’Abraxas et il explique que si son projet architectural n’a pas fonctionné, s’est en parti lié au fait que des immeubles à côtés on continué à être construits dans un esprit totalement différent et que le manque de commerce à favorisé le renfermement.

Paradoxalement, mon projet consistait à gommer les vêtements que j’avais confectionné puisque je souhaitais les mettre en scène sur des corps nus afin de créer un décalage entre mes modèles et les autres personnes. Cela peut faire référence à l’œuvre d’Orlan, S’habiller de sa propre nudité (1976-77) ou celle-ci porte une robe sur laquelle figure une photo de son corps nu, à échelle 1. On peut aussi penser à Marina Abramovic et Ulay qui, en 1978, ont réalisés une performance où ils sont tous les deux nus dans le passage d’un musée et forcent le spectateur à choisir de quel côté se tourner pour passer. Il y a l’idée d’imposer la figure du nu. Toutefois, j’ai du faire évoluer mon projet car j’ai réalisé que le fait d’être nu dans l’espace public était puni par la loi. Pour conserver l’illusion, j’ai donc fait porter aux modèles des combinaisons de danse couleur chair beige. Cela a bien fonctionné puisque de nombreuses personnes se sont indignées et nous ont même parfois insulté.

À partir des photographies prises, j’ai re-crée une narration. Au début, les deux modèles sont seules dans la ville, un peu à l’image d’extra-terrestres débarquées dans un lieu inconnu. L’image de personnes seules dans une grande ville peut également rappeler Buffet Froid de Bertrand Blier (1979), notamment la scène d’ouverture dans la gare du RER de la Défense, vide. On trouve également, dans ce travail narratif, l’influence du film Les demoiselles de Rochefort de Jacques Demy (1967) : deux personnes (dé)vêtues de manière similaire et une mise en scène qui joue avec l’idée de symétrie. Peu à peu, au fil des photographies, des personnes apparaissent et se confrontent à la pseudo-nudité des modèles. À la fin, je laisse croire, comme un soulagement, que les deux modèles vont de nouveau se retrouver seules. On les voit qui se défont joyeusement de leur peau de plastique, puis qui explorent un pont avant de se retrouver face à l’autoroute et à son trafic intense d’automobiles.

Mon projet est complété par deux autres séries de photographies. Des photos d’un modèle portant les vêtements sur le corps réellement nu comme j’en avais le projet à l’origine. J’ai également ajoutée des photographies sur cintre des vêtements transparents car les différentes pièces que j’ai confectionné ne se différencient pas sur le projet final réalisé à Noisy-le-Grand.

Un énorme merci à Auriane et Flavie qui ont été mes modèles à Noisy et Flore qui a été modèle pour porter les vêtements sans combinaison. Mais aussi à Txilin qui nous a prêté son appartement pour que l’on puisse se changer, qui nous a accompagné toute l’après-midi et qui nous a fait une super tarte aux pommes ! Et même si on a pas eu le temps de faire des photos avec elles, merci à Nina et Florence qui étaient volontaires.

Accidents domestiques

Attention à ne pas laisser la casserole déborder

En pleine période de concours, je n’ai plus beaucoup le temps de mettre mon blog à jour. Je reviens donc avec quelques articles, par-ci par-là. Me revoilà donc avec un projet qui a justement été réalisé pour un concours : celui des Arts Décoratifs de Paris. J’avais déjà tenté le concours l’année dernière, et après avoir franchi toutes les phases d’admissibilité, l’épreuve pratique a eu raison de moi. Cette année j’ai évidemment voulu retenter ma chance. Le concours qui était en trois étapes en comporte maintenant deux. La première est toujours la même : réaliser un sujet plastique en quatre jours. Cette année, le sujet était « Votre attention est requise ». Pendant quatre jours tout le monde s’est démené pour réaliser un projet correspondant à ce sujet. C’est vraiment une période très intense : tout le monde est stressé, fatigué, mais avec une ambiance d’entraide et pleins de bons moments.

Il m’a paru intéressant d’ancrer mon travail pour traiter le sujet “Votre attention est requise” dans un univers très quotidien. Le terme “votre” concernant les gens en général, ces derniers sont ici convoqués à travers des habitudes, des conseils domestiques pratiques et rationnels, nécessaires au bon déroulement de la vie de tous les jours.

J’ai d’abord listé dix situations rationnelles où une mise en garde du type “faites attention à ne pas…” serait détournée par l’absurdité de la scène réinventée. Afin de créer un écart avec la réalité et d’assumer la part théâtrale de ce projet, j’ai fabriqué pour l’occasion une série de meubles et d’accessoires en carton, prenant place dans un espace que j’avais déjà crée. Le décor en carton d’emballage totalement assumé crée un décalage humoristique permettant de prendre du recul par rapport à ces recommandations.
Une attention a été portée aux matériaux, choisis afin de proposer des analogies : du papier bulle figurant un liquide en ébullition, du fil en nylon évoquant des filets d’eau sortant du pommeau de douche.

L’univers convoqué ici peut faire écho au regard amusé de Pierrick Sorin sur le quotidien ou encore àl’univers cinématographique de Michel Gondry.

L’ordre des images a été déterminé afin de prendre de plus en plus de distance avec une éventuelle vraisemblance. Si les premières images montrent de petits accidents domestiques (tasse de café renversée, oubli d’une casserole sur le feu ), les suivantes déjouent par exemple l’apesanteur avec un lit longeant le mur du sol au plafond, montrent une fille confondant piscine et douche, ou encore mettent en scène des animaux empaillés semblant être, contre toute attente, des habitants à part entière de l’appartement en question.

 

Motifs

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Dernièrement, comme je prépare les concours, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour m’occuper de mon blog ! Je reviens donc avec un projet récent.

J’ai eu vers mes 4 ans un petit appareil photo numérique un peu pourri mais que j’aimais énormément. Mon frère et ma sœur avaient le même. Mais au bout de 3 ou 4 ans, nos différents appareils se sont cassés. J’ai eu un nouvel appareil photo numérique à 9 ans que j’ai utilisé jusqu’à mes 16 ans environ (je l’ai encore, mais je ne l’utilise presque plus). J’ai donc réellement commencé à prendre des photos en février de mon année de CM2. C’étaient surtout des photos de vacances avec des enfants flous qui font n’importe quoi sur des airs de jeux enneigées (pour résumer). Je me souviens très bien que ce même hiver de l’année 2008, j’ai pris ma première photo de « motif ». C’était une photo avec un plan resserré sur des petits cailloux qui se trouvaient aux pieds d’une aire de jeu. Quand j’ai vu le résultat, j’ai éprouvé une grande satisfaction et je me suis dis que c’était sûrement une des plus belles photos que j’ai jamais vu. Même si je n’ai plus la même prétention que j’ai eu enfant face à cette photo, je ne peux pas m’empêcher de l’aimer et de la trouver agréable à regarder. Depuis ce temps là, je prend donc très souvent des photos de « motifs ». En général ce sont des photos de sols, de murs, de ciel, de nourriture ou d’accumulations qui forment des motifs abstraits. C’est une manière pour moi « d’isoler » la matière. Prendre ce genre de photos est devenu un réflexe. J’ai donc une importante collection de ces motifs que j’avais envie d’utiliser.

J’ai donc projeté sur le corps de Samaya, la modèle, différents motifs. Cela me donnait l’impression de lui créer une nouvelle peau. En fonction du motif choisi les effets sont très différents, les plus beaux étant souvent les plus colorés ou les plus contrastés. J’ai proposé à Samaya de vivre chaque motif comme elle le souhaitait. Parfois je lui suggérais d’être plutôt assise ou allongée, mais ses poses étaient libres. Pour certains motifs, elle était presque constamment en mouvement. Comme elle est danseuse, ses propositions étaient très intéressantes. À un moment j’ai repéré un long tissus en tulle pailleté dans le studio photo et j’ai eu envie de l’utiliser. La transparence du tissus a permis d’apporter un effet de matière sans entraver la projection des motifs sur la peau et il ajoute à l’ambiance féérique et rêveuse qui se dégage des photos.

Je tiens à remercier tout particulièrement Samaya Veretout, la modèle (allez voir son site en cliquant ici) mais aussi Laurine Couëffé, Flavie Loreau, Juliette Rayer, Melinda Ikizer, Lucie Derambure, Charline Debon, Oriane Cavin et j’espère n’oublier personne.

 

Psychose II

Quand j’ai une idée, j’aime la décliner de différentes manières. C’est le cas ici avec ma vidéo Psychose en Carton. Ce deuxième volet a été réalisé quelques semaines après le premier. Il s’agit d’un stop motion avec toujours la même bande son et les mêmes plans et cadrages. Je pense que l’intérêt se situe dans le changement de rythme qui est plus saccadé et il y a dans ce rythme étrange quelque chose de perturbant. J’ai aussi décidé de donner le rôle de la victime et du tueur à d’autres personnes et on voit comme le choix de l’acteur peut influer sur le résultat. Je remercie énormément Laurine Couëffé et Sirine Lekbir mais aussi Lucie Derambure pour m’avoir aidé de nouveau !

 

 

Psychose en Carton


Salutations, j’ai peu posté récemment parce je n’ai plus vraiment le temps avec la prépa. Mais me revoilà avec un nouveau projet. Au départ je voulais créer un décor en carton dans lequel je projetterais une vidéo. Je voulais un extrait de film à suspens pour créer un décalage entre le décor et la projection. Le plus évident m’a semblé de choisir la scène de la douche de Psychose. En effet, cette scène est pertinente puisqu’elle se suffit à elle même. Pas besoin d’avoir vu le film pour la comprendre, même si de toute manière tout le monde la connait plus ou moins. J’ai donc commencé par construire mon décor en carton, ce qui m’a pris énormément de temps : 3 semaines… bonjour la productivité ! Puis j’ai changé d’avis et j’ai décidé de tourner la scène de la douche avec de vrais acteurs. Ce projet comporte donc trois déclinaisons à partir de la même scène de psychose : la première, qui est présentée ici, est une version filmée, la seconde sera un stop motion et pour la dernière, je projetterais la scène originale de psychose sur mon décor et je filmerais l’effet rendu par cette projection.
Nous avons donc tourné pendant les vacances de la Toussaint. Quand je suis arrivée le matin du tournage, j’ai vu la CPE et des amies nettoyer le sol inondé. En effet il n’y avait plus d’électricité ce qui ne m’arrangeait pas tout à fait. D’une part, parce que j’avais bêtement oublié d’imprimer les captures d’écran qui me servaient de storyboard et qui étaient cruciales pour pouvoir travailler et d’autre part, parce que j’avais besoin d’un éclairage pour créer un fort contrejour sur le visage du tueur afin d’avoir le même effet que dans le film. Pour le storyboard, je remercie la CPE qui me a très gentiment imprimé toutes les feuilles, et pour recréer l’aspect sombre produit par le contrejour sur le visage du tueur, j’ai recouvert le visage de mon amie d’un tissus noir qui trainait.
Je remercie énormément Auriane pour avoir joué la victime et Flavie pour avoir été la tueuse. Également Lucie et Laurine qui m’ont beaucoup aidé lors de la réalisation.

Les moulins du diable

Blog

Avec la CAAP, nous avons avons eu la possibilité de réaliser un projet pour l’exposer dans le hall de la salle Jacques Brel, le théâtre de Fontenay-sous-Bois, le temps d’une représentation. Nous devions choisir un spectacle parmi la programmation de la saison. Nous étions un groupe de huit étudiantes à avoir travaillé autour du spectacle Les moulins du diable. C’est un spectacle de danse de la compagnie Massala chorégraphié par Fouad Boussouf. À travers la danse, il y a tout un questionnement sur le temps et notamment l’accélération du temps liée au rythme de vie moderne. J’ai donc décidé de faire un assez grand mobile avec cette idée. Je me suis inspirée du livre Aliénation et Accélération d’Hartmut Rosa que j’avais lu dans le cadre du concours des Arts Déco l’an dernier et qui m’avait beaucoup intéressé. J’ai dessiné des personnages qui occupent leur temps avec différentes actions. J’ai travaillé à partir de photos de banque d’image car les actions y sont représentées de manière complétement cliché : on y voit des gens qui font du sport en souriant, bouteille d’eau à la main et air triomphant, des hommes d’affaire qui se serrent la main avec des sourires presque inquiétants, etc. L’idée c’est qu’aujourd’hui notre rapport au temps à changé. On est pris dans une sorte de machine infernale. On a tous tendance à avoir un emploi du temps trop chargé, à devoir reporter des choses et on ne conçoit pas de ne rien faire. Celui qui ne fait rien est un paresseux. On est obligé d’occuper tout notre temps et on culpabilise de ne rien faire. C’est avec cette idée là que j’ai réalisé ce mobile, où tous ces individus sont pris par le mouvement de cette machine temporelle. Au moindre passage d’un spectateur, le mobile se met à tourner car il est  composé de papier calque, fil nylon et fil de fer, des matériaux très légers.

Ici un lien vers l’article du site de la CAAP montrant les différents projets exposés lors de la représentation !

Dino déesse

Dans quelques semaines je rentre en classe d’approfondissement en arts plastiques (qui prépare à l’entrée en école supérieure d’art) au lycée Pablo Picasso. Pour la rentrée nous avons quelques devoirs à faire. Parmi eux, il faut réaliser un projet de grande dimension. J’ai mis beaucoup de temps à savoir quoi faire et c’est en gribouillant sur mon carnet que je me suis dit que j’allais créer un vêtement ample, entre la cape et le poncho avec un masque, le but étant de créer un vêtement qui fasse un peu rituel et évoque différentes civilisations. Je voulais aussi qu’il tourne bien. Je ne me suis pas documenté parce que je ne voulais pas recréer à ma sauce une tenue traditionnelle qui existe déjà mais je voulais créer quelque chose qui soit propre à mon imaginaire. Ça peut donc rappeler certaines tenues traditionnelles tout en ne s’apparentant à rien. Pour commencer ce projet, je suis allée au marché d’Argenteuil pour acheter de quoi créer ma tenue. J’ai flashé sur un magnifique tissus dinosaures. J’ai aussi choisi deux autres tissus car je voulais avoir un mélange de motifs. J’ai également acheté des fleurs artificielles pour faire une couronne et un col qui allait parfaitement dans l’esprit de ma future tenue.

De retour chez moi j’ai découpé chaque tissus en en forme de losanges et je les ai assemblés avec une machine à coudre. Dit comme ça, ça parait simple mais la machine à coudre n’était pas très coopérative et c’était difficile de coudre deux bandes en une seule fois sans que le fil casse. J’ai ensuite assemblé les fleurs entre elles pour former la couronne. Je voulais aussi créer un masque mais je n’étais pas satisfaite de mes tentatives et j’ai finalement utilisé un masque en carton que j’ai peint et décoré. Puis j’ai réparé un collier scorpion fait il y a longtemps et je lui ai rajouté des dinosaures pour faire un rappel avec le tissus. Ma cape-poncho s’attache à l’aide de rubans. On peut également la porter en jupe portefeuille.

En plus des photos qui sont un peu statiques, pour montrer l’ampleur du vêtement, comme il bouge et comme la cape ou la jupe tournent bien, j’ai voulu me filmer en mouvement mais ça semblait vraiment bizarre et c’était difficile de ne pas rigoler. Pour accentuer l’atmosphère étrange, j’ai rajouté une bande son qui fera saigner vos oreilles. J’ai enregistré des bruits avec tout ce que je trouvais : didgeridoo, guitare tortue, piano, percussions, etc. J’ai ensuite tout mixé ensemble mais sans chercher à composer une musique et en les laissant à l’état de bruit. Vous pouvez aussi regarder la vidéo en coupant le son et en écoutant Pastime Paradise de Stevie Wonder car c’est ce que j’écoutais en faisant le montage vidéo et je trouve que ça ne rend pas trop mal. En regardant le résultat final, je suis étonnée moi-même par l’étrangeté de cette vidéo, mais bon, ça accentue le côté bizarre de la tenue et ma mère trouve que ça lui rappelle la danse expérimentale des années 1910/1920 (notamment Mary Wigman).

Je n’étais pas très inspiré pour trouver un titre puis je me suis dis que comme il s’agissait d’un sorte de tenue de rituel, et comme une amie m’a comparé à une déesse en voyant la photo, je me suis dis que j’étais une sorte de déesse des dinosaures.