La Cristallisation

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Depuis longtemps j’avais l’envie de faire un projet autour d’un terme intéressant, celui de la cristallisation. Alors la cristallisation qu’est-ce que c’est ? C’est un concept théorisé par Stendhal dans le chapitre deux de son ouvrage De l’amour, en 1822. Pour résumer sommairement, c’est l’idée qu’on attribue des caractéristiques imaginaires à un être aimé, « En un mot, il suffit de penser à une perfection pour la voir dans ce qu’on aime », nous dit Stendhal. Il utilise l’image d’une branche recouverte de cristaux de sels. Même si elle est magnifique, elle ne reste au fond qu’un vieux bout de bois. J’ai cherché à étendre ce phénomène au delà de l’amour car il s’applique finalement à n’importe quoi.

J’avais envie de créer un vêtement, quelque chose d’un peu fouillis, colorés, kitsch et moche ! L’idée était de prendre des vieux objets, des choses qui ne fonctionnent plus et de les « cristalliser ». J’ai utilisé un réveil, un logo de voiture, des Barbies, des écouteurs, des stylos et d’autres babioles cassées. Le phénomène est retranscrit avec ma laine pastelles. Les fils s’entremêlent et transforment totalement l’objet, lui attribuant de nouveaux caractères. Les fils et tricotins de la jupe se mélangent également, « cristallisant » alors la personne qui porte la robe. J’ai aussi utilisé des sequins, paillettes, diamants en plastiques pour renforcer le kitsch de mon projet et rappeler les cristaux.

Florence à Florence

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Cette année j’ai achevée ma dernière année au lycée où je suivais la spécialité arts plastiques avec une option histoire des arts. Dans le cadre de mes options j’ai pu réaliser trois super voyages en Italie. En seconde à Rome, en première à Venise et en terminale à Florence. Ces trois voyages étaient très enrichissants. Venise est le voyage qui m’a le plus marqué, mais c’est pour une grande part car j’avais toujours rêvé d’y alle. J’avais réalisé des petits carnets de voyage en seconde et première mais rien de sensationnel. Cette année, du 9 au 14 mars nous sommes partis à Florence, c’était mon dernier voyage et je me suis dis que j’allais m’investir un peu plus dans la réalisation de ces carnets.  Surtout que si je le réussissais bien, je pouvais le présenter au bac et qu’en plus, nos professeurs organisaient un concours de carnet (que j’ai eu la chance de gagner). Comme nous avions deux semaines pour le réaliser, j’ai tout donné pour finir à temps (en me couchant parfois à 4h du matin, haha). J’ai voulu créer un carnet un peu interactif, beaucoup de photos peuvent être soulevées et j’ai fait une sorte de poupée en carton me représentant dans mes tenues de chaque jour qu’on peut balader dans le carnet. Je voulais vraiment que ce soit plaisant à regarder et que ça me rappelle le voyage dans ses moindres détails (vu ma mauvaise mémoire). Voilà donc des photos de l’intégralité de mon carnet !

La course au lapin

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Cette année je me suis inscrite au concours des Arts Décoratifs de Paris. Je suis arrivée jusqu’à la dernière épreuve où je n’ai pas été retenue. Pour la première épreuve, nous devions réaliser un projet correspondant au sujet « 50 m ». Nous avions un format de 10 feuilles A3 imposé.

Pour ce projet, j’ai voulu jouer sur le double sens de 50 m qu’on peut comprendre comme 50 mètres ou 50 “m”. J’ai donc choisi de photographier un parcours de 50 mètres en avançant d’un mètre à chaque fois et en intégrant dans mon décor des éléments correspondant à un mot commençant par la lettre m.
J’ai travaillé dans mon jardin : je suis partie du perron et tous les mètres, j’ai posé un objet dont la première lettre est un m. J’ai réalisé cette opération 50 fois, sur 50 mètres. Au préalable, il a bien entendu fallu sélectionner et dénicher les 50 objets en « m ».

Ce choix a été déterminé par l’atmosphère que je voulais donner à ce parcours et qui m’a été inspirée par un rêve : c’était le jour de Pâques et en guise de chasse aux œufs, nous devions, avec mes cousins, creuser la terre pour en exhumer des jouets et d’autres objets incongrus. À la fin, nous devions courir jusqu’à la porte bleue pour remporter un lapin.J’ai donc cherché à rendre une ambiance un peu mystérieuse, notamment en forçant les contrastes de mes images, en les encadrant d’un halo sombre et en saturant un peu leurs couleurs.

Les objets ou les personnages correspondants à ces mots en “m” ne s’intègrent pas tous de la même manière dans le parcours. Certains semblent posés négligemment sans être vraiment à leur place, d’autres sont placés en suspension. J’ai notamment pensé aux objets incongrus que l’on doit ramasser dans les décors des jeux vidéos. Cela m’a donné l’idée de signaler visuellement les objets dans le décor par des marques que j’ai rajouté à la main sur les tirages avec un feutre blanc. Mais contrairement à l’uniformité des interfaces de jeu vidéo, j’ai essayé de varier ces marqueurs. Les mots en “m” sont par ailleurs photographiés en gros plans qu’on peut voir en soulevant la photographie du parcours. Sur ces photos de détail, j’ai écrit à la main, toujours en blanc, le nom des objets. Là encore, j’ai préféré la variété à l’uniformité et j’ai profité de l’exercice pour m’essayer à différentes manières de typographier ces mots.

Ce parcours de 50 mètres en 50 images peut être monté en stop motion. Dans l’idéal, j’aurais voulu pouvoir réaliser une animation interactive où on se déplacerait dans l’espace par à-coups, un peu comme on le fait sur Google Street View et où on pourrait cliquer sur le objets pour les voir et peut-être même les collecter. Pour accompagner mon projet, j’ai rajouté une carte qui montre le parcours réalisé dans mon jardin.

Le rêve

 

Je ne sais pas exactement comment m’est venue cette idée mais à cette période j’écoutais beaucoup Björk. Je l’admire énormément pour sa musique mais j’aime aussi beaucoup les tenues qu’elle porte. Dans le clip Venus as a Boy, elle a dessiné des petits points au dessus de ses sourcils et ça m’avait donné envie de travailler sur du maquillage, comme ça, assez simple mais original. Depuis longtemps j’avais aussi eu envie de créer une série de photos un peu surréalistes. J’ai donc décidé de mélanger mes deux envies pour  créer un univers rappelant celui du rêve. Pour une fois j’étais uniquement celle qui prenait les photos. Au début, j’ai imaginé et photographié différentes situations surréalistes. Alors que je photographiais Sirine dans ma buanderie, on s’est rendu compte que l’ambiance créé par le son du projecteur que l’on doit frotter pour qu’il s’allume était assez chouette et on s’est dit que ce serait une bonne idée de filmer l’effet produit. À partir de ce moment je n’ai presque fait que filmer. Ce projet est donc à la fois un projet photo et vidéo mais c’est finalement la vidéo qui a pris le plus d’importance. Au montage, j’ai vraiment voulu retranscrire un univers onirique, en mélangeant des passages assez longs où l’on s’ennuie et d’autres plus captivants. Avec des sons, des rires et des situations incompréhensibles ! Pour la bande son, je me suis filmée en train de jouer du piano de manière aléatoire. Quand j’étais petite et que je débutais le piano, j’adorais faire ce genre d’improvisations et faire semblant que j’étais une pianiste contemporaine. J’ai évolué depuis et je sais heureusement que la musique contemporaine ne ressemble pas à ça, mais ça m’amuse toujours. Cette musique, qui n’est pas faite pour être agréable, lie les éléments entre eux et rend le film encore plus étrange.

Un grand merci à Sirine, Roxane et Emeline ! À la prochaine !

Diversité

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Ce projet a été réalisé lors du deuxième workshop effectué avec la fondation Culture et Diversité. Durant ces quelques jours nous avons eu l’occasion de travailler sur le thème de la « Diversité ». Pendant la première journée, j’ai réfléchi à ce que j’allais pouvoir faire avec ce thème qui questionnait tout le monde. Dans un premier temps j’ai pensé à l’idée de « diversité de perception ». Je voulais créer une série de photo ou un film durant lequel on verrait la même scène déclinée sous plusieurs « réalité ». Mais très vite on m’a fait comprendre que ce n’était pas une bonne réponse au sujet.  Au cours de l’après midi et des jours suivant, je me suis questionné sur ce qu’étais la diversité et cette réflexion m’a poussé à changer complètement mon projet. Pour moi la diversité c’est une différence qui génère de nouvelles choses. Je suis donc partie d’un serre tête, un modèle très sobre et épuré  à partir duquel j’ai crée un deuxième modèle, en rajoutant des sortes d’oreillettes qui permettent au serre tête de mieux tenir. À partir de ce second modèle, j’ai voulu faire évoluer l’esthétique en rajoutant une spirale. J’ai crée d’autres modèles, chaque fois en m’appuyant sur le modèle précédent. Au fur et à mesure, l’esprit de mes bijoux de tête à muté. J’étais partie d’un serre-tête et je suis parvenue à une sorte de casque guerrier. Avec ce projet de bijoux de têtes, on peut parler d’évolution mais sans qu’on puisse dire qu’un modèle soit supérieur à l’autre : ils sont simplement tous différents et c’est l’ensemble qui présente un véritable intérêt. Pour moi, la diversité c’est la richesse engendrée par la différence et c’est ce que j’ai voulu illustrer avec ces serres têtes.
Merci à Khouloud, Louisa, Flavie et Lola d’avoir accepté de servir de modèle pour présenter mes serres têtes.

Maison de Voyage

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Durant les vacances scolaire de Toussaint, j’ai eu l’occasion de participer à un stage organisé par la fondation Culture et Diversité. Nous avons participé à plusieurs activités : un atelier d’écriture, un atelier photo, des cours d’histoire des arts, mais aussi un workshop. Le thème de ce workshop était le voyage.

J’ai créé une maison qu’on peut emporter avec soi où qu’on aille. J’aurais voulu la réaliser dans une valise mais je n’avais à ma disposition que cette boîte en carton, trouvée chez moi. Cette version est donc un projet dans le sens où ce n’est qu’une étape dans la réalisation de ma maison.
Le concept, c’est celui d’une maison que nous transportons toute la journée lorsqu’on voyage et qu’on peut déplier lorsque le soir vient pour y dormir. Elle comporte un lit qui se déroule, un rideau qui permet de se couvrir mais aussi des rangements pour conserver des souvenirs.
Comme le voyage devient quotidien, je trouvais important que les souvenirs ne soient pas forcément des objets sensationnels mais plutôt des évocations, des souvenirs affectifs. On peut attacher plus de valeur à un objet anodin qui nous évoque un souvenir qu’à un objet précieux qui n’a pour nous aucune histoire.

Cette maison est construite avec des matériaux de recyclage, peu résistants. Elle serait rapidement détruite par les intempéries. Si je peux imaginer d’apporter de nouveaux éléments de confort avec un tapis de sol et un auvent étanches par exemple, je ne souhaiterais pas pour autant qu’elle soit d’une solidité à toute épreuve.
Je pense qu’un des autres caractères importants du voyage, c’est l’idée de renouvellement. La construction d’une maison éphémère permet d’imaginer que, sans cesse, la maison sera reconstruite. L’individu dont la maison sera endommagée pourra récupérer ses souvenirs et des éléments de sa maison passée afin d’en reconstruire une nouvelle.

Ce projet de maison de voyage est plutôt un concept qu’un prototype : l’idée est que chacun puisse réaliser sa propre maison, unique, correspondant à ses besoins et adaptable à son voyage.

Parking Party

J’avais acheté un pot de grosses craies et j’avais envie de les utiliser pour un projet de street art. J’ai donc eu l’idée de réaliser une sorte d’installation-performance dans un parking voisin. C’est un lieu de passage qui sert de raccourci pour accéder à la maternelle, à l’école primaire, à la mairie et au marché. Des enfants y font parfois du vélo ou du roller, des jeunes squattent souvent sur un banc juste à coté mais c’est un endroit qui m’a toujours semblé un peu lugubre. Pour cette raison, j’ai eu envie d’en décorer le sol de motifs gais et ludiques, avec des éléments visuels qui créent des parcours dans ce décor.

Comme la surface est importante, j’aurais difficilement pu travailler seule. J’ai donc sollicité mes amies Roxane et Émeline pour m’aider à faire les dessins à la craie et à documenter la réalisation de ce projet. J’ai également accepté l’aide de Luce et Léonard, des enfants que je connais qui habitent juste en face du parking. J’avais une idée assez précise de la composition générale de mon projet aussi j’ai décidé de leur laisser tout un espace libre au sein de cette composition où ils ont pu réaliser ce qu’ils voulaient. Plus j’apprends à collaborer avec les autres sur mes projets, plus j’arrive à accepter les compromis comme un enrichissement de mon travail.
Nous avons travaillé toute la journée. Nous étions tous très concentrés mais il y avait néanmoins une ambiance joyeuse et festive. Nous nous sommes bien amusés en jouant avec notre interminable marelle. De temps à autres, des gens qui passaient par le parking nous adressaient la parole et s’enthousiasmaient du projet.

Nous avons pris de nombreuses photos et vidéos tout au long de la réalisation. Pour les prises de vues, nous nous sommes notamment amusés avec un cadre que nous avons trouvé et qui permettait de produire un effet intéressant avec ce décor que nous avions crée, un peu comme si nous étions de l’autre coté du miroir, dans un univers parallèle à celui de ce parking d’ordinaire triste et froid.
J’ai réalisée deux  versions du making of : une longue et une courte. J’ai sonorisé les deux films avec des musiques de jeux vidéos pour évoquer les aventures virtuelles que l’on peut vivre, notamment par le jeu lorsqu’on est un enfant, en stimulant son imaginaire avec ce genre de décors.
Celui-ci a tenu au moins deux semaines, s’atténuant au fur et à mesure qu’il pleuvait. Puis il a fini par s’effacer complètement. J’envisage de faire une nouvelle Parking Party où je convierais un plus grand nombre de gens pour créer un évènement encore plus créatif et festif.

Mon amie Émeline a une page Facebook où elle poste toutes ses super photos ! Passez voir son travail ici.

Jeu de Voyage

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Voici le premier projet de cette année 2014-2015. Au début de l’année j’ai eu l’appendicite, c’est toujours sympathique. Après avoir donc été malade toute la fin du mois d’août (que j’ai passé devant Heidi que je regarde pour la millième fois), je me suis fait opérer, début septembre. Un truc un peu bizarre, mon appendicite s’était soignée seule (oui, c’est possible) mais il fallait enlever son cadavre. C’est ainsi que je suis rentrée en cours une semaine après la rentrée. Et rater la rentrée ça craint ! Mais bon tout c’est bien passé.
C’est donc une semaine après tout le monde que j’ai apprit le nouveau sujet de notre projet qui portait sur le voyage. Il fallait créer un objet plat qui peut se déployer dans l’espace.
J’ai longuement réfléchi. Ma première idée était de créer un « kit » de voyage pliable dépliable (avec tout ce qu’il faut pour voyager confortablement). Mais très vite je me suis penchée vers autre chose : le jeu de société. Toujours dans l’idée de voyage, j’ai réalisé un jeu pliable et dépliable, que l’on peut donc très facilement ranger dans son petit étui.
Ce jeu que j’ai intitulé « jeu de voyage » fonctionne à peu près comme un jeu de l’oie. Je dis à peu près, car avant de chercher les règles, je pensais que le principe du jeu de l’oie était juste d’avancer sur un plateau de jeu et de vouloir arriver à la case « arrivée », avec de temps en temps une case malus ou bonus. Mais pas du tout, le jeu de l’oie est un jeu über complexe avec un nombre de case très précis et des règles tout aussi précises. Mon jeu est donc bien plus simple : il y a un plateau de vingt cases, un dé et quatre pions. Toutes les cases du plateau sont reliées par de la laine de manière à plier le jeu facilement. J’ai inséré des cases bonus et malus qui sont les rouges avec un point d’interrogation. Lorsqu’un joueur tombe sur cette case, il la retourne, tire à nouveau le dé et retourne à la case qui correspond au chiffre obtenu. Derrière chaque chiffre se trouve le bonus ou malus.
Ce jeu est créé pour être transportable le plus facilement possible. Les cases sont seulement reliées par de la laine, ce qui permet d’adapter facilement le plateau en fonction de l’espace disponible. Le jeu est aussi facile à ranger dans sa petite pochette qui prend peu de place. Pour ça, j’ai créé des pions qui se montent facilement ainsi qu’un dé. Le dé a été le plus compliqué à réaliser. C’est très facile de créer un dé en papier quand on colle les rebords entre eux. Mais ici il fallait arriver à créer un dé pliable et dépliable sans colle. Au début j’avais cherché des patrons sur internet, en vain. J’avais même fini par essayer de faire un dé en origami (grand échec par ailleurs). Mais en réfléchissant un peu, j’ai trouvé comment réaliser mon dé !

Pour les photo j’ai voulu jouer sur l’aspect niais et surjoué des boîtes de jeux de société. Voici donc quelques photos avec ma cousine Blanche ! Le jeu a d’ailleurs été testé et approuvé !

À bientôt pour de nouveaux articles !

 

A la recherche du temps perdu

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Ça fait longtemps que je ne suis pas venue poster sur mon blog et c’est mal, très mal. Je vais essayer de me rattraper, surtout que j’ai des tas de choses à mettre (mon anniversaire de l’an dernier, celui de cette année et deux autres projets).

Mais parlons de ce projet-ci. Le titre « À la recherche du temps perdu » fait référence à la série de Marcel Proust intitulée ainsi, particulièrement à un passage du premier livre (Du côté de chez Swann), le célèbre passage de la madeleine de Proust que vous pouvez lire ici. Le principe de la madeleine de Proust c’est donc une image, un son, une odeur, une texture, un goût, n’importe quelle sensation qui, dès qu’elle est ressentie nous rappelle quelque chose du passé. Tout le monde a sa propre madeleine de Proust. J’en ai moi même quelques-unes. Chaque année, avec mes grands-parents, frère, sœur, cousins, oncle et tante nous allons dans le même VVF (village vacances familial). Il me semble que je m’y rend depuis mes 3 ou 4 ans. Petits, avec mes cousins, mon frère et ma sœur et des copains, nous adorions faire des cabanes dans « le bois »… Avec le temps je réalise que ce n’est pas un bois mais plutôt quinze arbre répartis sur 50 mètres. Comme nous y allons toujours aux vacances d’hiver il y fait froid et humide. Du coup quand on soulève nos grosses caillasses en les empilant et en déclarant que c’est une cabane, on se salit les mains. J’ai donc toujours mis des gants, mes petits gants gris foncés qui ne me vont plus. Il y a quelques années, j’ai senti ces gants par hasard et cette odeur de terre humide un peu acide m’a tout de suite fait bizarre. J’avais l’impression d’y être. De même quand je sens du vent frais mais léger sur mes pieds, je pense aux matinées au VVF quand j’allais ouvrir la grande porte-fenêtre.
Mais venons-en au projet. J’ai voulu matérialiser l’idée de souvenir. J’ai donc créé une boîte pour montrer l’intérieur de mon cerveau (manifestement, mon cerveau est assez emberlificoté) et représenter des sensations liées au souvenir. Toute ma boîte est blanche (avec des variations du blanc au crème) et avec des ajouts de papier réfléchissant ou de plastique transparent. Je voulais rester dans une certaine sobriété. On retrouve des yeux en plastique qui matérialisent la vue, une boule à neige avec une danseuse de boîte à musique, pour le son (c’est un peu approximatif et on ne reconnait pas forcément bien la danseuse), puis différents matériaux de toutes sortes, pour le toucher, mais aussi pour représenter la diversité des sensations. Pour ce qui est de l’odeur, c’est plus conceptuel : j’ai tenu à tout coller avec de la colle qui sentait très fort si bien que pendant toute la réalisation du projet, je reniflais les fleurs que ma sœur m’avait ramenée de sa ballade pour essayer d’atténuer l’odeur de la colle.
Sur l’extérieur de la boîte, j’ai mis divers papiers froissés (feuille de papier, mouchoirs, papier de cuisson et divers) pour matérialiser le flou d’un nuage de fumée, comme lorsqu’un magicien fait disparaitre une boite.
À l’intérieur de ma boîte, en plus des divers éléments rappelant les sensations, j’ai entremêlé des fils, ficelles et rubans. Ça représente le fil de la conscience qui n’est jamais tout droit. Je voulais rappeler le fait que les souvenirs n’apparaissent jamais nettement, ni dans le bon ordre. À ces fils, j’ai collés plusieurs éléments dessinés sur du papier calque. La plupart illustrent mes propres souvenirs, mais j’en ai aussi inventés certains car parfois, ce que nous croyons être nos propres souvenirs ne sont pas les notre. Nous créons ou recréons une partie de nos souvenirs. Parfois même on se souvient parfaitement d’événements qu’on n’a pas vécu , comme le mariage de mes parents où j’ai l’impression d’avoir été parce que je l’ai vu en photo et qu’on m’en a parlé, alors que j’étais loin d’être née à l’époque.

Voilà tout pour cette fois !

Narration

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Ce projet a été réalisé avec la Maison du Geste et de l’Image à Paris. La consigne était de créer une narration en une ou plusieurs photos. Je me suis mise en groupe avec Mélanie, Tony, N’deye, Claire et Eloïse. L’idée était de produire une suite d’images énigmatiques qui invitent le spectateur à créer des liens logiques entre les éléments pour imaginer sa propre narration. La première image a été prise dans une pièce du sous-sol. Lorsque nous avions visité le bâtiment de la MGI, j’étais tombée sous le charme de cette pièce sombre avec un thérémine et un studio son séparé par une fenêtre. J’ai donc insisté auprès de mes amis pour qu’on essaye de prendre une photo dans cette pièce. Nous avons disposé une multitude d’objets, un peu comme s’il s’agissait de preuves dans une enquête criminelle. Tony, N’deye, Eloïse et Mélanie posent dans le studio son tandis que Claire n’apparait que dans le reflet de la fenêtre. Des trois photographies que nous avons retenu, celle-ci est ma préférée. Pour la deuxième photo, nous sommes allés à l’étage, au niveau de la baie vitrée. Cette baie est protégée par une sorte de porte vitrée que l’on peut ouvrir. On a donc beaucoup joué avec la découpe de l’espace et, ici encore, avec les reflets. Cette fois-ci c’est Tony et N’deye qui n’apparaissent qu’en reflet. Il y a une disparition progressive des personnages. Dans la dernière image, prise dans les escaliers, il ne reste que Mélanie et Eloïse, assises sur les escaliers. On voit néanmoins les reflets de Claire Tony et N’deye dans la barrière transparente de l’escalier. J’ai pris la photo au moment où pour dégager ses cheveux Mélanie a jeté sa tête en arrière. On a choisi celle-ci car elle avait un rendu plus énigmatique et un certain mouvement.

Je remercie donc Bruno Dieudonné, le photographe qui a encadré ce projet, mais aussi à ma prof d’art plastique Mme Buisson-Yip.